Tous les chemins mènent à Rome, dit-on. Le parcours de Pablo Boudier, mèche rebelle et grand sourire, le prouve. Sauf que ce n’est pas dans la capitale italienne qu’il a posé ses valises mais en région parisienne. C’est à Villejuif qu’il a monté son agence, Paysagem, un bureau d’études sur l’environnement. Mais avant, il a bien bourlingué.
Né au Mexique, il a grandi dans un petit village de l’Oise, est passé par l’Auvergne et Paris, avant de revenir à Mexico, dont il garde une forme de nostalgie, qu’il a transformée en une puissante motivation : « La nature a été dénaturée par l’homme. Mais je ne suis pas fataliste. On peut inventer des projets qui lui redonnent la place qu’elle mérite, au plus proche de nous », dit-il, en donnant l’exemple d’une restructuration du cours d’une rivière pour y développer une activité maraîchère.
Après des études d’histoire de l’art, direction le Canada pour étudier l’architecture et l’urbanisme. Puis Londres, où il travaille en cuisine. « J’adore manger et cuisiner mais le salaire me permettait à peine de vivre », raconte-t-il. L’alimentation, une passion que l’on retrouve dans ses prestations, comme la création de jardins nourriciers ou de potagers urbains, des espaces généreux « qui nous donnent à manger mais qui en donnent aussi à la faune qui y vit. »
Après s’être formé au métier de paysagiste à l’École de paysage de Versailles, il se lance dans l’entreprenariat en 2014. Commence une période où il taille, tond, plante, sème et arrose. « En 2017, j’ai créé mon agence, Paysagem, avec pour cible les entreprises et les villes ». Son rêve ? « Ramener la campagne au coeur des villes. »
Son positionnement plaît, son approche respectueuse de l’environnement aussi. Le créneau est porteur, ses prestations s’étoffent : aménagement paysager pour des villes, régénération de terres agricoles dégradées, murs végétaux pour des entreprises, traitement alternatif des eaux pluviales, création d’îlots de fraicheur... « Ce métier est passionnant, sourit-il, et les projets sont incroyablement variés : jardin médicinal en Argentine, jardin de pluie en Normandie, pépinière au bord de l’Aude, parc urbain sur les voies ferrées de la Petite ceinture à Paris… »
Quand il n’est pas sur un chantier, Pablo nourrit son inspiration dans son laboratoire de Recherche & Développement : un jardin partagé à Vitry-sur-Seine.
Il y teste des semences anciennes, cherche des associations originales entre différentes strates végétales. « C’est un laboratoire à ciel ouvert qui me permet d’avoir des conditions de recherche proches de la réalité », analyse-t-il.
À terme, il aimerait ouvrir les portes de son laboratoire pour échanger et transmettre ses connaissances. « Pour comprendre la nature, il faut prendre le temps de l’observer. En l’expliquant, on la respecte plus et on peut en prendre soin, où que l’on se trouve, en ville ou ailleurs », conclut-il.
Site Web paysagem.com